Avec Défigure(s), l’espace d’art contemporain de Colmar donne à voir la diversité des propositions faites par l’artiste Gaël Davrinche ces dix dernières années. L’exposition propose ainsi une sélection de peintures appartenant à différentes périodes : les Revisités (une série convoquant l’histoire de l’art, de la filiation à l’irrévérence), les portraits et accessoires, les Kalachnikov. Ces séries réinventent la notion de portrait par un questionnement du culte de la figure mais aussi de sa dérision, de sa caricature et de sa destruction. Reflets d’une veine nouvelle explorée depuis peu, l’exposition montre aussi, de façon inédite, deux sculptures. Ces œuvres témoignent d’un passage dans l’œuvre du peintre. Dans le maniement de la couleur et la destruction de la figure, la peinture actuelle de Davrinche tend presque vers une forme d’abstraction. Aujourd’hui, la sculpture l’oblige à restructurer la représentation et à repenser autrement la figure. Ainsi, par exemple, l’assemblage sur une même pièce de matériaux aux énergies diverses (bois, plomb, plume, filasse, cuir, bronze) apporte un pouvoir poétique très fort. Ce nouveau souffle de poésie pourrait ressurgir dans la peinture de Davrinche, qui, demain sans doute, à l’aune de la sculpture, explorera la puissance suggestive des métamorphoses de l’imaginaire, entre réel et mystère greffés…

Amélie Adamo

N°64 - Mars/Avril 2015

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