« Je voulais m’éloigner de l’acte physique de la peinture. J’étais nettement plus intéressé à recréer des idées dans la peinture […] Je voulais remettre la peinture au service de l’esprit. » C’est le travail issu de cette volonté que le Centre Pompidou se propose de présenter à travers une exposition monographique consacrée à l’œuvre peinte de Marcel Duchamp. Véritable chant du cygne de l’artiste, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même conclut le parcours chrono-thématique de l’exposition, illustrant ainsi la cohérence et la lente maturation du travail de Duchamp. Sont mises en lumière les influences profondes – thèmes bibliques, fauvisme, cubisme, symbolisme, humour roussélien, poésie de Jules Laforgue, films de Marey et Méliès – et les préoccupations récurrentes – art rétinien, paradoxe, processus de création, hasard – qui constituèrent le matériau premier de l’œuvre duchampienne. Loin de la figure triomphante du nominalisme contemporain – celle d’un artiste thaumaturge hissant « n’importe quoi » au statut d’œuvre d’art –, loin aussi d’être un fossoyeur de la peinture, Duchamp renouvelle la préhension de l’œuvre d’art en révolutionnant non l’objet peint mais la peinture de l’objet. Ainsi, cette exposition inédite permet d’entrer dans une peinture renouvelée à l’épreuve de l’art rétinien et de la logique formelle, une peinture radicalement duchampienne.

Thibault Mirabel

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