Lors de ses multiples voyages, Victor Hugo expérimente le dessin en mélangeant diverses matières (café noir, encre, charbon, suie de cheminée avec bouts d’allumettes ou barbes de plumes) qu’il introduit dans une atmosphère fantastique : faire surgir une image de la tache d’encre, comme sortie de l’ombre. Cette ombre, c’est également celle du poète comme « voyant », sous-jacente dans les œuvres des artistes surréalistes qui se sont confrontées aux siennes. Ils se sont inspirés des jeux littéraires, plastiques et techniques de l’écrivain romantique dans sa dimension la plus automatique, et en ont repris certains enjeux, comme le rapport de l’homme à la nature qui est pour Hugo synonyme de tourmente et pour les surréalistes synonyme de métamorphose : aller chercher la nature au delà de la nature, le réel au delà du réel. Cette exposition montre l’étendue de l’œuvre de ce génie du XIXe siècle, que Charles Baudelaire confirme en déclarant en 1859 : « Je n'ai pas trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l'encre de Chine, car il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes».

Lucie Pachot

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