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Traits d’Union – Paris et l’art contemporain arabe

Traits d’Union – Paris et l’art contemporain arabe : Sieges, 2010, photographie, 100 x 70cm   


L'exposition


Après Paris et Beyrouth, c’est à Sanaa, au Yémen, que l’exposition itinérante Traits d’Union fait étape. L’occasion de rendre visible cette « esthétique hybride » qui s’affirme dans les œuvres des treize artistes de la manifestation, tenant de la culture de leur pays d’origine – à savoir le Liban, l’Egypte, la Syrie, le Maroc – comme du contact prolongé avec l’Occident. L’occasion également d’adjoindre à ces œuvres où se croisent singularité du vécu et désir d’universel, réalisées dans l’ensemble du spectre des mediums contemporains, celles de trois artistes yéménites contemporains. Nasser Al Aswadi, qui vit depuis 2008 entre Marseille et Sanaa, peint – entre autres – des palimpsestes picturaux. Sur une surface constituée d’une texture de calligraphies faisant le plus souvent référence aux contes et légendes de l’Arabie mythique, il découpe, en petits triangles, des fragments de parchemins où les mots sont devenus des signes visuels. Les assemble et les stratifie en autant de formes centrées : cercle, carré, rectangle, pyramide, etc. « J'emprunte aux parchemins enfouis dans chaque maison, dans chaque porte, dans chaque meuble du Yémen pour les porter vers la lumière et vers l'œil contemporain. » écrit l’artiste. Boushra Almutawakel, quant à elle, est en prise directe avec l’actualité. Diplômée d’une université américaine, conférencière liée à des organisations humanitaires, photographe free-lance engagée, plasticienne dénonçant la condition de la femme, elle travaille – depuis quelques années – sur la question du voile, comme motif de représentation mentale et de projection. Dans ses photographies, déclinées en séries narratives non dénuées d’humour, elle interprète l’ambivalence de la fantasmatique occidentale concernant les codes traditionnels vestimentaires des femmes du Moyen-Orient contribuant à les percevoir « soit comme exotiques, belles, mystérieuses, soit sans défense, opprimées et enlaidies ». Enfin, Amna Al Nasiri utilise la photographie, la vidéo et la sculpture : burqas, masques, gants de caoutchouc, fils de fer barbelé, mannequins d’hommes en celluloïd, sont quelques-uns des matériaux lui permettant de parodier les blocages « que nous nous imposons d’une manière plus ou moins consciente sur nous-mêmes ». Parallèlement, elle peint de grands formats mi-organiques mi-figuratifs où la liberté gestuelle et les couleurs oniriques sont autant de métaphores du corps et du « jardin secret » si constamment déniés par les gardiens de la morale.

Tom Laurent

Quand


24/06/2012 - 16/07/2012