Depuis 1993, Mohamed el Baz, artiste d’origine marocaine vivant en France, développe une pratique artistique qu’il a intitulé « Bricoler l’Incurable ». Chacune de ses nouvelles interventions plastiques en compose un « détail », l’ensemble de son projet n’étant jamais visible et, a fortiori, intelligible dans son entier. Ses œuvres s’offrent comme autant de portes ouvertes à l’interprétation du spectateur et en définitive, « plus comme des espaces à vivre qu’à voir ». A la JGM Galerie, des pièces récentes sont montrées : curseurs de la mondialisation, elles puisent dans des cultures diverses, qui vont de celle des aborigènes au creuset occidental, pour en extraire des combinaisons existentielles inédites. Ainsi un personnage issu du tarot, dont on sait la composante symbolique, se détache sur un ciel nuageux. Ou la peinture murale d’un squelette, représentation d’un « cogito mori », s’ourdit d’émetteurs radio diffusant différentes fréquences, singeant la rumeur inaudible du monde. De l’entre-deux culturel dont il est issu, qui ne réclame ni héritage, ni autre prérogative que celle de s’exprimer avec les moyens qui sont les siens, Mohamed el Baz illustre une position forcément singulière : celle de ne pas panser les blessures du passé, mais d’œuvrer dans les failles du présent.
T.L.