Yannick Haenel
Éditions Argol


Ce livre, qui mélange fiction, autobiographie et poésie, décrit à la manière d’un journal intime les rapports que l’auteur entretient avec l’énigmatique tapisserie de la Dame à la Licorne, visible aux Thermes galloromains du musée de Cluny. Il adopte une démarche double : d’une part, une description méthodique de son quotidien transcendé par la contemplation de la Dame à la licorne ; de l’autre, la volonté de se détacher d’une lecture consensuelle de l’oeuvre, cloisonnée par l’interprétation allégorique (les explications fournies par les dispositifs didactiques du musée, traditionnellement admises, associent chaque pan de tapisserie à un sens, et le dernier – le sixième – au renoncement…). L’auteur préfère commenter son approche personnelle, à telle enseigne qu’il redéfinit, renomme même tous les panneaux; le livre est d’ailleurs illustré de manière à partager l’expérience sensible de l’auteur où se mêlent les différentes figures de la Dame – incarnations du désir et du mystère. Ce texte est aussi la quête perpétuelle du double féminin, l’âme soeur, symbolisée par le personnage de Soyeuse, obscure figure entre l’égérie et la prostituée, dans les rues de Paris. Mais ce rapport trop confidentiel avec la tapisserie est peut-être la pierre d’achoppement du livre, qui donne davantage l’impression d’un monologue qu’une réelle aventure partagée : itinéraire romantique ou trivial, essai sur l’extase ou poésie surréaliste, aventure artistique ou simple C.V., Yannick Haenel semble hésiter entre plusieurs genres…

Antoine Fonsagrive


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