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Henri Michaux


Alfred Pacquement
Éditions Gallimard


Les Éditions Gallimard publient une nouvelle version de l’ouvrage consacré à Henri Michaux où sous la plume d’Alfred Pacquement nous suivons les méandres du processus de création d’un poètepeintre, discret et indépendant, à part, inclassable si ce n’est qu’il a pleinement sa place au panthéon des grands artistes du XXe siècle. Si Henri Michaux est d’abord connu comme écrivain, il semblerait pourtant que ses recherches en peinture aient suivi de près l’exercice de ce premier talent. En découvrant à Paris vers 1925 les oeuvres de Klee, Ernst et Chirico, il aurait entrevu les formidables possibilités inhérentes à la peinture dès lors qu’elle ne se cantonne pas à la mimèsis d’une fade réalité. La peinture qui peut “s’inventer de toutes pièces” offre même, contrairement aux “mots qui préexistent à l’écriture”, un champ d’investigations et d’expérimentations infini. Ses voyages en Asie et en Amérique latine nourrissent son goût pour un “ailleurs”; et quand il se lance avec intrépidité dans l’aventure de la peinture, c’est encore pour en repousser un peu plus loin les frontières. Découvrant et exploitant des formules pouvant mener à des contrées inconnues, il se révèle très vite un grand explorateur ouvrant “une voie nouvelle dans l’univers des formes”. C’est dans ce sillage que nous entraîne ce livre, de la genèse de ses créations et pour un voyage d’un demi-siècle d’une production artistique prolifique et variée avec une prédilection pour la fluidité de l’aquarelle et de l’encre de Chine. Ce parcours passionnant est balisé de textes et d’illustrations choisies parmi les oeuvres exemplaires de l’artiste. Des gouaches sur fond noir, surgit un monde mouvant fait d’apparitions fantomatiques, de monstres et de paysages fantastiques. Des taches aquarellées émergent des têtes hallucinées. Quelques traits à la plume et s’animent de fragiles silhouettes. Ici, les taches d’encre s’agencent docilement en signes pictographiques réguliers ; là, elles s’agglutinent en une foule indisciplinée. Henri Michaux ne s’enferme jamais dans aucun style ; sa liberté créatrice n’a de cesse de sonder et de jouer avec les potentialités de la peinture ; “cinématique” quand elle est rythme et mouvement; hallucinatoire quand elle est vision inédite, née notamment de l’expérience de la mescaline, mais surtout de la sensibilité artistique d’un esprit toujours curieux et inventif.

Sandrine Lesage


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