Michel C. Thomas
Éditions Gallimard


Ce livre est le récit d’un itinéraire chargé, celui d’un Rebeyrolle militant, engagé dans sa peinture avec la lucide espérance de ceux qui savent leur destin frappé du sceau de l’authenticité. Souvent grave, volontiers gouailleur, ce portrait du peintre limousin qui entama sa carrière dans les années 1940 entrecroise fantasmes avérés et réalités construites. Dès lors, la liberté revendiquée dans l’écriture par l’auteur nous fait pénétrer au cœur de la poïétique de l’artiste. Aux coups de brosse du ”peinturier”, répondent les mots de Michel C. Thomas : taillés dans le vif, ils réconcilient l’homme et son ombre. Entre paroles échangées, repères biographiques et voyages en terre de peinture, il est avant tout question des œuvres de Rebeyrolle et de la fascination qui en découle. Sont convoqués ceux qui, du texte à l’image, ont fait vivre le pictural malgré l’horreur, ou plutôt avec l’horreur. Rembrandt, Zurbarán, Goya et surtout Courbet sont les monuments d’humanité que le peintre salue comme des frères, Victor Hugo est l’aide précieuse dont l’auteur reprend le verbe. Et pour l’hommage, quoi de mieux que d’écrire cette vie pour la peinture, encore et encore, depuis la genèse et Ève jusqu’aux résistants de tous les fronts, dont le colonel Gingouin et ses francs-tireurs limousins face au nazisme, transfigurés en un Cyclope sortant de sa caverne ? Peindre d’accord mais sans emphases inutiles, peindre grand et sans perdre de vue l’indispensable : tel est l’enseignement définitif de Rebeyrolle, disparu en 2005, retranscrit brillamment dans cet essai poétique et dense.

Tom Laurent


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