Michèle Dancourt
Des femmes, Antoinette Fouque


Figure de la mythologie grecque, Médée hante depuis plus de deux millénaires les dramaturges, les peintres, les musiciens, et les cinéastes. Interprétée – entre autres - par Maria Callas et Isabelle Huppert, peinte par Delacroix et Géricault, ou mise en scène par Jean Anouilh, elle incarne l’altérité au fil des siècles et des récits. D’abord mère infanticide dans la tragédie d’Euripide de 431 av. J-C, elle va symboliser les sorcières au Moyen Age, puis au XXe siècle, l’étrangère colonisée ou l’immigrante clandestine. Michèle Dancourt insiste dans cet ouvrage sur les transformations dans l’interprétation de ce mythe, liées au genre et aux contextes historiques. Selon elle, le personnage de Médée permet aux auteurs souvent masculins qui la décrivent, d’exprimer leurs fantasmes de la femme « virile ». Même si Christine de Pizan en fait une femme exemplaire dans la Cité des dames dès le début du XVe siècle, ce n’est que fort récemment que des romancières comme Christa Wolf ou Ludmila Oulitskaïa ont réhabilité, en contre-pied de la tradition, cette figure désormais fidèle à son nom qui signifie : « qui médite, qui prend soin de ».

Nathalie Tissot


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