«Coude à coude», dans l’amitié comme dans la révolte. Les trois peintres de l’exposition se connaissent depuis longtemps : Pierre Buraglio, ami de René Schlosser et professeur de Fouad Bellamine a impulsé la rencontre entre les deux autres artistes liés indirectement par le Maroc. À l’image de Cézanne, qui a bouleversé les codes picturaux en traitant toutes choses selon «le cylindre, la sphère et le cône», les trois artistes se révoltent contre la pensée artistique dominante. Abstraction des formes, ré-emplois de matériaux, gommage des identités... chaque œuvre est une remise en question des formes et de leur retranscription. Mais la révolte est aussi visible dans le choix des sujets. Leur travaux, rendent compte de différents «paysages», urbains ou naturels, théâtres de batailles réelles ou idéologiques, conscience politique actuelle ou simple souvenir d’un temps passé. Ainsi, depuis 2004, Fouad Bellamine s’attache à représenter des marabouts. Représentés de façon schématique, il gomme dans ces peintures toutes références identitaires à son pays, sa culture et sa politique pour ne laisser apparaitre que leur aspect géométrique. Pour Pierre Buraglio, se sont les «blockhaus», bunkers allemands de la Seconde Guerre Mondiale, qui envahissent une partie de son œuvre, souvenir récurrent de son enfance sur la côte normande. Enfin, René Schlosser rend hommage aux résistants du Vercors, en recréant, à partir de matériaux qu’il récupère sur les vieilles bâtisses, les paysages du massif.


Pauline Mirete