« Clouds Theory » de Laurent Grasso
L'exposition
Laurent Grasso envoûte Jumièges
Installée au cœur du parc naturel des Boucles de la Seine, l’abbaye bénédictine de Jumièges, architecture d’art et de lumière fondée vers 654 par saint Philibert, s’ouvre désormais à la création contemporaine. Aimées des romantiques, les ruines fabuleuses de l’abbaye, haut lieu de mémoire, forment un labyrinthe féérique au milieu d’un grand parc arboré. Rares, en France, sont les lieux d’art aussi aptes à recevoir des artistes inventifs et décalés. C’est le cas de Laurent Grasso, créateur pluriel, plasticien, réalisateur et vidéaste proche d’une science-fiction lunaire et énigmatique. Sa proposition artistique, Clouds Theory, capte les couches invisibles de la réalité et dissémine dans « la plus belle ruine de France », dixit Victor Hugo, des sculptures-nuages installées sur l’ensemble du site et qui oscillent entre archaïsme et futurisme. Laurent Grasso matérialise en fluctuantes lettres de néons les dates marquantes du passé, du présent et du futur, et disperse des flammes fantomatiques, créant un trouble de la conscience visuelle et sensorielle.
Le pouvoir fictionnel, qui double l’imaginaire collectif, est son territoire de création. Sous la forme de gros nuages de cuivre rouge échoués entre les pans de murs dressés vers le ciel, il évoque les grandes catastrophes, invasions, incendies et destructions qui ont ponctué l’histoire de l’abbaye, voire ceux à venir… Dans le logis abbatial, devenu musée lapidaire, trois vidéos intenses aux fortes références scientifiques, tournées sous de lointains horizons futuristes, captent poétiquement les forces intangibles qui ensemencent le réel.
Laurent Grasso « capte l’énergie et la force magnétique de ce lieu traversé par les désastres et réduit à l’état de ruine romantique ». Dans le refus assumé d’un possible écrasement dû à la puissance des ruines, il sait relier l’aérien et le terrestre, et surtout, l’intime subtil de l’abbaye au monumental de l’architecture spectrale de l’abbaye. Énigmatique présence agissante.
Pour fêter le 150e anniversaire de la première exposition des impressionnistes en 1874, le festival Normandie Impressionniste, sous la férule de Philippe Piguet, se déploie sur l’ensemble du territoire normand. Une programmation exceptionnelle de quelque 150 événements explore l’héritage impressionniste sous ses formes contemporaines. David Hockney, avec Normandism, Bob Wilson et ses jeux de lumière, ou encore Olga Kisseleva avec Zone, dans un univers proche de Tarkovski. Bien qu’éloignée des normes du festival, l’œuvre de Laurent Grasso, qui aime voyager dans le temps, jouant de l’hybridation et de l’anachronisme, prolonge la démarche impressionniste en remettant en cause les habituelles perceptions de la réalité. Riche expérience immersive.
Christian Noorbergen
Installée au cœur du parc naturel des Boucles de la Seine, l’abbaye bénédictine de Jumièges, architecture d’art et de lumière fondée vers 654 par saint Philibert, s’ouvre désormais à la création contemporaine. Aimées des romantiques, les ruines fabuleuses de l’abbaye, haut lieu de mémoire, forment un labyrinthe féérique au milieu d’un grand parc arboré. Rares, en France, sont les lieux d’art aussi aptes à recevoir des artistes inventifs et décalés. C’est le cas de Laurent Grasso, créateur pluriel, plasticien, réalisateur et vidéaste proche d’une science-fiction lunaire et énigmatique. Sa proposition artistique, Clouds Theory, capte les couches invisibles de la réalité et dissémine dans « la plus belle ruine de France », dixit Victor Hugo, des sculptures-nuages installées sur l’ensemble du site et qui oscillent entre archaïsme et futurisme. Laurent Grasso matérialise en fluctuantes lettres de néons les dates marquantes du passé, du présent et du futur, et disperse des flammes fantomatiques, créant un trouble de la conscience visuelle et sensorielle.
Le pouvoir fictionnel, qui double l’imaginaire collectif, est son territoire de création. Sous la forme de gros nuages de cuivre rouge échoués entre les pans de murs dressés vers le ciel, il évoque les grandes catastrophes, invasions, incendies et destructions qui ont ponctué l’histoire de l’abbaye, voire ceux à venir… Dans le logis abbatial, devenu musée lapidaire, trois vidéos intenses aux fortes références scientifiques, tournées sous de lointains horizons futuristes, captent poétiquement les forces intangibles qui ensemencent le réel.
Laurent Grasso « capte l’énergie et la force magnétique de ce lieu traversé par les désastres et réduit à l’état de ruine romantique ». Dans le refus assumé d’un possible écrasement dû à la puissance des ruines, il sait relier l’aérien et le terrestre, et surtout, l’intime subtil de l’abbaye au monumental de l’architecture spectrale de l’abbaye. Énigmatique présence agissante.
Pour fêter le 150e anniversaire de la première exposition des impressionnistes en 1874, le festival Normandie Impressionniste, sous la férule de Philippe Piguet, se déploie sur l’ensemble du territoire normand. Une programmation exceptionnelle de quelque 150 événements explore l’héritage impressionniste sous ses formes contemporaines. David Hockney, avec Normandism, Bob Wilson et ses jeux de lumière, ou encore Olga Kisseleva avec Zone, dans un univers proche de Tarkovski. Bien qu’éloignée des normes du festival, l’œuvre de Laurent Grasso, qui aime voyager dans le temps, jouant de l’hybridation et de l’anachronisme, prolonge la démarche impressionniste en remettant en cause les habituelles perceptions de la réalité. Riche expérience immersive.
Christian Noorbergen
Quand
25/05/2024 - 29/09/2024
