La « Tauromachie », la célèbre série de trente-trois planches de Don Francisco de Goya, est éditée en 1816. Soixante ans plus tard, le graveur et marchand d'estampes Eugène Loizelet restaure et ajoute au dos de certaines des gravures sept compositions inédites, auparavant écartées par Goya. Le peintre-graveur retrace l'évolution de la corrida qui, d'après Moratin, le théoricien de la tauromachie, puiserait ses origines dans les « jeux » archaïques des maures qui pourchassaient les taureaux sauvages en déployant des techniques bien précises, puis sera stylisée dans les arènes par les espagnols qui vont l'ériger officiellement au statut d'art. Les eaux-fortes rendent hommage aux toreros, aux « épées » les plus célèbres de son époque, qui comptèrent parmi les amis proches de l'artiste. Donnant à ses épreuves une facture personnelle différente de ses peintures et portraits de cour, il acquiert avec la gravure une maîtrise absolue de ses compositions et un parfait contrôle de la ligne brisée. Au delà de son attrait pour les taureaux, il s'agit probablement pour l'artiste de créer des scènes rendant compte de la précarité de l'homme contre des forces « obscures » qui le dépassent mais dont le rôle de l'art est peut-être de la capter. L'exposition de l'Espace Taurin de Béziers présente ici la version complète de la « Tauromaquia » rééditée par Loizelet.

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