Niko Pirosmani.
L'exposition
On ne dispose plus que d’un dixième de l’œuvre du peintre, mort et enterré on ne sait où en 1918. Et sans les frères Zdanévitch peut-être même aurait-elle totalement disparu : lorsque Kirile Zdanévitch aperçoit quelques toiles de Pirosmani, trouvées par son ami Mikhail Le Dentu venu à Tiflis pour étudier l’art du Caucase, il s’enthousiasme pour ce « Giotto géorgien », qu’il fait aussitôt découvrir à son frère. Bien décidé à débusquer ce génie ignoré, Ilya Zdanévitch profite des vacances de Noël 1912 pour rechercher et trouver ce « vieillard tout voûté, au visage malade d’incurable ivrogne et aux yeux humides, noirs, enflammés, effrayants », qui, « de sa main levée, tremblante, trace au pinceau le mot : REPAS ». Dans un précieux cahier noir, Ilya note fébrilement tout ce que lui dit le vagabond solitaire. Sûr de son art malgré sa détresse physique, ses demandes d’argent répétées et son ivresse quasi permanente, Pirosmani se lamente : « On gâche tout ce que je fais : par exemple, cette fresque, il y a un lièvre, à quoi bon un lièvre ? – mais on m’a demandé : dessine un lièvre. Pour mon honneur, je le dessine, pour ne pas avoir d’ennuis. »
Extrait de l'article de Emmanuel Daydé publié dans le N°109 de la revue Art Absolument. Parution le 11 janvier 2024.
Extrait de l'article de Emmanuel Daydé publié dans le N°109 de la revue Art Absolument. Parution le 11 janvier 2024.
Quand
17/09/2023 - 28/01/2024