« L’art est la sanctification de la nature, de cette nature de tout le monde, qui se contente de vivre ». C’est tout juste âgé de vingt ans au Maurice Denis comprend à quel point la nature et a fortiori le paysage lui sont essentiels dans sa vie comme dans son art. Le « peintre jardinier » pour reprendre les mots de sa petite-fille Claire Denis, en voulant concilier l’art et la vie, a su trouver les équivalents plastiques pour exprimer « l’objet essentiel de la peinture, qui est l’expression, l’émotion et la délectation » comme il l’affirmera en 1930. Avec près de cent quinze toiles exposées au domaine breton de la Roche-Jagu – dont onze pour la première fois depuis sa mort en 1943 –, le « nabi aux belles icônes » confesse son profond désir d’élever le paysage au-delà d’un simple arrière-plan. À la fois chapelle à ciel ouvert et Arcadie légendaire, ses représentations oscillent entre le sacré et le profane pour révéler le pouvoir de la nature propre à rendre possible toutes les histoires. Qu’il s’agisse d’une Annonciation ou d’une Forêt aux jacinthes, le paysage constitue le cadre privilégié de la spiritualité pour l’artiste. Poursuivant les travaux des postimpressionnistes en employant la complémentarité des couleurs, les formes simplifiées et la stylisation des personnages, le peintre tend à se servir du dessin comme d’un outil de connaissance de l’affect plus que de la représentation mimétique de la végétation. Face à ses icônes, chacun peut rentrer en communion et s’émouvoir face à la richesse et la beauté de la nature dépeinte.

Orlane Bachelet

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