Antoine Caron, 1521-1599. Le Théâtre de l’histoire
L'exposition
Le maniérisme, première esthétique internationale, brouille les codes de la Renaissance et figure comme nébuleuse où, parfois, un astre s’illumine ; Antoine Caron, retrouvé à Écouen ce printemps, en donne la démonstration efficace.
Rechercher Antoine Caron, peintre picard, vaut acceptation d’ascèse. Né à Beauvais en 1521 – mort en 1599, sans doute à Paris. Peu de documentation, donc, une peinture avérée relativement restreinte, un corpus graphique souvent incertain, fruit de comparaisons et d’analyses relatives, des interprétations par le ciseau ou la tapisserie, post-mortem, un vitrail, une signature sur une peinture au Louvre, enfin ; voilà à peine résumé ce que le temps a conservé d’Antoine Caron. Et pourtant, nous devinons grâce à ce faisceau d’indices qu’il fut un des maîtres constamment employés par les Valois. Et même par chacun d’eux, de François Ier, pour qui il travaille à Fontainebleau dans la Galerie d’Ulysse, jusqu’à Henri IV, Valois par Margot… Antoine Caron participe aux décors de la vie fastueuse d’un siècle où l’invention tortueuse semble faire écho aux troubles politiques. Et, effectivement, Caron nous est familier par un massacre, celui des Truimvirat, épisode cruel de la Rome républicaine, qui illustre tous les manuels scolaires à la page de la Saint-Barthélemy. Peinture étrange, signée, datée : tons acides, élongations, perspective à l’avenant, tribut payé à Rome par la représentation de ses monuments mémorables… Aborder Caron, pourtant, c’est sombrer en invention, cadencée par une vie rythmique, un peu comme une transposition peinte du rigodon symbolique de Céline, aborder, enfin, une haute conceptualisation de l’Art.
Extrait de l'article de Vincent Quéau publié dans le N°106 de la revue Art Absolument. Parution le 17 mai 2023.
Rechercher Antoine Caron, peintre picard, vaut acceptation d’ascèse. Né à Beauvais en 1521 – mort en 1599, sans doute à Paris. Peu de documentation, donc, une peinture avérée relativement restreinte, un corpus graphique souvent incertain, fruit de comparaisons et d’analyses relatives, des interprétations par le ciseau ou la tapisserie, post-mortem, un vitrail, une signature sur une peinture au Louvre, enfin ; voilà à peine résumé ce que le temps a conservé d’Antoine Caron. Et pourtant, nous devinons grâce à ce faisceau d’indices qu’il fut un des maîtres constamment employés par les Valois. Et même par chacun d’eux, de François Ier, pour qui il travaille à Fontainebleau dans la Galerie d’Ulysse, jusqu’à Henri IV, Valois par Margot… Antoine Caron participe aux décors de la vie fastueuse d’un siècle où l’invention tortueuse semble faire écho aux troubles politiques. Et, effectivement, Caron nous est familier par un massacre, celui des Truimvirat, épisode cruel de la Rome républicaine, qui illustre tous les manuels scolaires à la page de la Saint-Barthélemy. Peinture étrange, signée, datée : tons acides, élongations, perspective à l’avenant, tribut payé à Rome par la représentation de ses monuments mémorables… Aborder Caron, pourtant, c’est sombrer en invention, cadencée par une vie rythmique, un peu comme une transposition peinte du rigodon symbolique de Céline, aborder, enfin, une haute conceptualisation de l’Art.
Extrait de l'article de Vincent Quéau publié dans le N°106 de la revue Art Absolument. Parution le 17 mai 2023.
Quand
05/04/2023 - 03/07/2023