« Sa peinture relève de gestes, mais elle n’est certainement pas assimilable à l’abstraction gestuelle, et encore moins à l’abstraction lyrique. » C’est en ces mots que Catherine Millet qualifie l’œuvre de Barré. Par sa palette de couleurs réduite à des tonalités de noir et de brun, et par son passage de la brosse au couteau, pour en venir à peindre à même le tube sur la toile, ses œuvres consistent surtout en un défi relevé de réduction des moyens picturaux. Dans les toiles présentées, qui relèvent toutes de la période 1956-1967, même la trace, c’est-à-dire la place que Barré laisse à la peinture dans l’espace, est minime, en comparaison de « l’espace-fond », qui empiète parfois sur les bords de la forme colorée. Dans l’esprit de cet usage restreint de la matière, les zones en réserve, les effets de textures et le choix récurrent de laisser vierge un des côtés de ses tableaux viennent affirmer la matérialité de l’œuvre, ce que les titres renforcent (par exemple : 57-58-30-F4, 1957-1958). Après Simon Hantaï et Judit Reigl, cet accrochage constitue le troisième issu du partenariat du musée des Beaux-Arts de Rouen avec la Fondation Gandur pour l’Art.

Extrait de l'article de Emma Noyant publié dans le N°105 de la revue Art Absolument. Parution le 17 mars 2023.

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