Célébrant la féminité par des jeux d’ombre et de lumière, ces clichés dévoilent des corps partiellement couverts par des tissus révélant plus qu’ils ne cachent, ou enveloppant de mystère un visage aux yeux clos. On retrouve cet attrait pour les corps dans ses citations picturales, comme lorsqu’une femme prend devant lui la pose de La Jeune Fille à la perle de Vermeer. Toujours intimement liées au corps, ses premières images aux accents dadaïstes sont quant à elles empreintes de leur époque. C’est le cas de sa photographie Le Minotaure ou Le Dictateur, où un buste antique à tête de veau porte une toge. Tout y est hiératisme et dangerosité. Pouvoir et menace. Dans le même esprit, mais en se contentant – circonstances obligent – de clichés bruts, Blumenfeld capte les camps dans lesquels il est interné, les gardes et la foule de passagers sur les cargos assurant les transports d’un enfermement à l’autre. Le parcours du MAHJ recouvre vingt ans de création. Il le montre tour à tour photographe engagé ou amateur des courbes féminines. Mais surtout expérimentateur de l’image, lui qui multiplia les jeux d’optique et fut l’un des premiers à user de la couleur en photographie, dans les années 1940.

Extrait de l'article de Emma Noyant publié dans le N°104 de la revue Art Absolument. Parution le 3 février 2023

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