Expérimentateur singulier, Christian Bonnefoi remet en question depuis les années 1970 le cadre de son propre art. Regard rétrospectif sur l’ensemble de ses travaux, cette exposition donne à penser que l’abstraction picturale relève toujours de l’ordre du possible, quand certains ont pu la donner comme dépassée. À travers une réflexion sur ses constituants – surface, plan, cadre, geste, couleur, dessin – le sens de la peinture de Christian Bonnefoi se définit par un rejet du figuratif, du fictionnel et du subjectif, au profit d’une reformulation de la « question du tableau » qu’il pose en héritier des minimalismes des années 1970. Les procédures utilisées, en particulier le collage, l’assemblage et le montage, se déclinent en une centaine de pièces à la grande force plastique, divisée en séries. Ne négligeons néanmoins pas la part conceptuelle inscrite dans la genèse de chacune d’entre elles, car une « méthode », sur le mode opératoire commandant un résultat aléatoire, existe bel et bien. Suscité dès les prémices de cette œuvre dense, l’intérêt des historiens d’art se renouvelle aujourd’hui, comme le prouve le catalogue paru à l’occasion de cette « apparition du visible ».

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