Offrant un paysage désolé post-atomique d’écume putrescente, les stalagmites surmontées de miroirs polis en fonte d’aluminium – où se reflètent les visiteurs – se souviennent du temps géologique et des descentes de l’artiste au fond des grottes naturelles des Cévennes. S’inspirant également des concrétions (sur)naturelles du désert de Danakil en Éthiopie – où il rêve de se rendre un jour –, Pernisco porte à incandescence d’étranges effusions de sulfate jaune et de sel blanc. Mélange d’admiration et d’effroi susceptible d’engendrer le sentiment du sublime, ce voyage imprudent aux confins de monts et merveilles parle encore et toujours « d’épuisement, d’érosion, de putréfaction, de déliquescence et d’iconoclasme ». « Les hommes s’en vont admirer les cimes des montagnes, remarquait Pétrarque, mais ils négligent de s’examiner eux-mêmes. » Dans ses rencontres du troisième type au sein des espaces du sommeil minéral, Nelson Pernisco concilie expédition au-delà du réel et introspection au cœur de soi-même.

Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé publié dans le numéro 100 de la revue Art Absolument, parution le 18 mars 2022