Entremêlement des motifs et des couleurs, superposition des couches picturales, symbiose du premier et de l’arrière plan, mais surtout métissage culturel. À travers l’exposition « Wax Spirit », qui reprend le titre de sa série photographique datant de 2007, l’artiste Jacques Bosser manie les fils de l’histoire, en partant du tissu pour toucher les mentalités. La planéité des ornements floraux rappelle une réalité écrasante — celle de la lutte indépendantiste du continent africain face au colonialisme européen. Comme nous le dépeint l’artiste, qui a passé sa jeunesse en Afrique équatoriale, le wax est avant tout devenu un symbole culturel et politique, à la portée émancipatrice.
Jacques Bosser fait ainsi cohabiter ces différentes significations, afin de délivrer des portraits photographiques flamboyants, où la profondeur des expressions tranche avec la bidimensionnalité des tissus chatoyants. L’artiste joue avec le mélange des cultures, des temporalités et des techniques, puisqu’à la photographie s’ajoute la peinture et la sculpture. L’expérience est totale, complétée par une installation faite de tissus wax traditionnels et de lumières, spécialement conçue pour l’exposition, afin de mettre en exergue la singularité du lieu, qui n’est autre que l’ancien monastère des carmélites de Pamiers.

Maëva Markl