Schématiquement mais sûrement, le séquençage en trois chapitres de l’exposition de Nantes, United States of Abstraction, rend compte de ces trajectoires. Chacun d’entre eux recoupe également des orientations esthétiques communes. Kelly et ses pairs se retrouvent sur l’exploration des principes de modularité et l’absence d’interprétation. Window, Museum of Modern Art, Paris (1949) et ses deux châssis tendus de toiles dans un cadre noir, « copie exacte » d’une fenêtre du Palais de Tokyo, en est exemplaire – même si les membres du Salon Réalités Nouvelles la prennent alors pour une abstraction géométrique. Dans la section joliment intitulée « Paris est une île », c’est l’espace des Nymphéas de Monet qu’embrassent Mitchell, Jean-Paul Riopelle ou Sam Francis – qui déclare faire « du Monet de la dernière époque, en pur », avant de laisser advenir en 1959-60 des compositions éclatées par le dépôt de corpuscules aqueux et bleutés. D’autres peintres, moins connus, méritent l’attention. Shirley Goldfarb, notamment, partage le credo de Mitchell sur Paris : « Ici, je ne me sens pas obligée de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, sauf à moi-même. »

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°96 de la revue Art Absolument.

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