EN

Jean Pierre Raynaud. Tir

Jean Pierre Raynaud. Tir : Tir. 2019, métal émaillé, diam: 86 cm. Courtesy Jean-Pierre Raynaud et galerie Laurent Strouk, Paris.   


L'exposition


« La cible, c’est toujours soi », peut-on lire sur l’un des murs de l’exposition de Jean-Pierre Raynaud chez Laurent Strouk. Sentence de l’artiste, en forme d’aphorisme qui vise d’un même coup ego et contre-ego, dont la série des « Tirs » peut être vue comme un équivalent visuel. Encadrant celui qui entre la galerie, des panneaux de sens interdit criblées d’impacts de balle – un, deux, cinq, sept, … – comme un constat clinique de la rencontre entre un ordre objectivant et un sujet qui comme tel ne peut que le transgresser. Ce sens interdit est l’un des signes que Raynaud a institué dès ses débuts dans les années 1960 : on en retrouve le caractère perpétuel dans le rapprochement de plusieurs reprises de la signalétique qu’il voit comme « la plus intense ». L’un date de 1970 et sa patine tranche avec la nudité presque rutilante des « Cibles », que de simples adhésifs noirs viennent barrer – signe et support de contre-signes. Avec les « Fragments », exposés ensemble au Grand Palais en 2018 avant d’être disséminée, Raynaud en a donné une version vouée à la fois au monumental et au lacunaire, comme trop grande pour être complète. Ici, un grand élément de cette série surplombe de son aura la « Cuve aux cailloux blancs » de 1968, dont les marques de mesure peinte en rouge ne peuvent bien entendu pas nous signifier quelle serait la « juste » mesure. Dans les taches rouges qui viennent consteller les « Carrelage+Peinture » (1991) encore, l’expression équivaut à l’effusion. Mais chez Raynaud, ni l’un ni l’autre ne signifie l’épanchement.

Tom Laurent

Quand


01/02/2021 - 20/02/2021