Si la céramique fait peu à peu valoir son statut de modalité à part entière de l’art contemporain, la galerie parisienne XXI en défend les artistes depuis 2003. Organisateur de l’exposition Vallauris la belle histoire 1881-2010 en 2018 au musée de Sarreguemines, Michel Blachère privilégie dans la galerie qu’il a fondé les approches sculpturales et picturales du medium, fortement sexualisé avec Marc Alberghina ou donnant lieu à des scénettes mobilières chez Anne Bulliot, deux artistes qu’il soutient. Les Têtes que David Cohen montre pour sa troisième exposition sur place ne dérogent pas à cette orientation. D’un dessin volontairement schématique, elles s’incarnent dans des plaques de terre cuite, des volumes cubiques mais aussi sur cuir. Bouches fixes et redoublées, regards ronds et extatiques d’où s’échappe souvent l’éclat d’une pupille, éclaboussures expressionnistes : tous ces éléments répétés constituent un vocabulaire migrant d’une œuvre à l’autre. Dans ces Têtes, on peut donc lire le parti pris par David Cohen d’un face-à-face avec des visages sans voix.

Extrait de l’article de Tom Laurent publié dans le numéro 93 de la revue Art Absolument.

N°93 - Juillet/Septembre 2020