Matisse, maître d’un ouvroir de toutes les possibilités, demeure fondamentalement classique dans cette modernité qu’il féconde : abstraction coloriste, gestuelle, ornementalisme d’une ondoyante sensualité, synthétisme des formes, des masses et des volumes, désinhibition de la tendance décorative, etc. Toutefois sa rupture ne peut être comprise que comme la conséquence des recherches plastiques de ses devanciers. Tenant de la continuité, il reste le fruit de l’Académie. Voilà ce que nous rappelle l’exposition Devenir Matisse qui célèbre, elle aussi, les 150 ans de sa naissance. Replacé dans son terroir, celui de la filature industrielle du Nord, nous y assistons à ses premiers essais, depuis les dessins quasi clandestins éclos dans son étude d’avoués et à l’école Quentin de la Tour sous la direction d’Emmanuel Croizé, son enseignant, jusqu’à l’Académie d’homme, recalé, annulant alors son entrée aux Beaux-Arts – au sujet duquel il dira : « Je ne dessine pas mieux aujourd’hui, je dessine autrement. »

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