D’aussi loin qu’elle se souvienne, Rebecca Campeau a suivi le fil du textile. Bout de tissu, ruban, dentelle ou ficelle sont autant de matériaux de récupération qu’elle coud en ronde-bosse, brode, peint ou colle, donnant vie aux créatures qu’elle nomme les Trognes. Parmi ces personnages insolites, il y a les anonymes et les célébrités : Van Gogh, Proust, Flaubert ou Balzac, dont elle partage la théorie de la physiognomonie, reliant les traits physiques à des traits psychologiques. Son inspiration, Rebecca Campeau la puise dans le métro ou dans la rue, observant les visages des passants, y lisant, dit-elle, comme dans des « livres ouverts ». S’ensuit le retour à l’atelier aux airs de caverne d’Ali Baba, envahi de sacs de paillettes, de mains ou de têtes, dont elle modifie les expressions pour les rendre adéquates aux histoires auxquelles elles sont destinées. Au musée d’art brut de Montpellier, son « monde intérieur enchanté » se livre comme un grand théâtre, où défilent les scénettes, effigies, figures humaines et animales de cette sculptrice textile.

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