« Mes œuvres ont pour but d’introduire un point d’interrogation dans le monde. » Tout, dans la rétrospective qui lui est consacrée à la Monnaie de Paris, tend à accréditer ces mots de Thomas Schütte. Des figures d’hommes grimaçants dignes de caricatures de Daumier à la maquette prévisionnelle de sa propre tombe réalisée par l’artiste pour un décès qu’il fixait en 1996, une inquiétude sourde traverse cette œuvre – où le jeu sur les échelles fait se côtoyer miniaturisation et monumental. L’agencement fortement théâtralisé des pièces auxquelles a participé Schütte contribue très nettement à sa force : en plaçant les figurines doubles Ennemis unis sous une cloche et devant leur photographie grand format en plan rapproché, la rare expressivité de leur physionomie bougonne est exacerbée. À elle seule, à l’entrée, l’imposante bête fantastique en bronze disposée de l’exposition résume cette esthétique de l’étrange et de la distorsion.

Extrait de l'article de Emma Noyant, publié dans le N°88 de la revue Art Absolument

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