Le 8 décembre 1948, c’est au palais de Chaillot, que la troisième assemblée des Nations Unies a adopté la déclaration universelle des droits de l’Homme. À l’occasion des soixante-dix ans de la déclaration, André Delpuech, directeur du musée de l’homme et commissaire général de la saison En droits !, met en œuvre une programmation riche et variée qui affirme l’engagement de l’institution. Ainsi, le musée qui s’attache à donner une place particulière à la photographie depuis sa réouverture en 2015, confirme son choix en proposant à Sebastião Salgado de présenter l’exposition Déclarations. À propos de son travail, le photojournaliste franco-brésilien déclare : « Je ne veux pas qu’on apprécie la lumière ou la palette de tons. Je veux que mes photos informent, provoquent le débat. ». Lélia Salgado, commissaire de l’exposition, a extrait de l’œuvre de son époux trente photos qui témoignent de la nécessité de faire vivre au quotidien les droits énoncés dans la Déclaration, quelle que soit la région du monde concernée. Les images sous-titrent les neuf articles choisis et ancrent les valeurs de ces droits en résonnant particulièrement avec l’actualité planétaire. La veillée funèbre de dix-neuf paysans sans-terres exécutés sans sommation par la police militaire le 17 avril 1996 dans l’état brésilien du Pará est ainsi confrontée à l’article 5 – « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Ces cercueils alignés, formant une communauté de morts, se font la preuve d'une persistance du non-droit. « On est égaux mais certains sont beaucoup plus égaux que les autres » conclue l’ex-économiste, devenu le photographe que l'on sait.

Myriam Hélard

Site de l'exposition