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Maria Lassnig. Dialogues

Maria Lassnig. Dialogues : Double autoportrait sans pitié, 1999 Bleistift, Acryl, 42.9 x 60.9 cm © Maria Lassnig Stiftung   


L'exposition


« Il se passe quelque chose dans le corps et on le sent [… ] On sent des lignes qui s’étirent en longueur ou en largeur. Ou bien on ne sent que des points et des cercles. » En quelques mots, l’Autrichienne Maria Lassnig résumait sa conception d’un art éminemment plastique, dont son propre corps et sa transformation se faisaient simultanément le moyen et le sujet. À Bâle, cette attention – explicitée par le terme « body-awareness » – anime l’ensemble d’une rétrospective de ses travaux graphiques, depuis des débuts réalistes dans les années 1940 jusqu’à sa disparation en 2014. Passé par Paris en 1951, Lassnig alors trentenaire digère surréalisme, informel ou expressionnisme abstrait, et ces années la voit sexualiser amplement les images qu’elle trace d’elle-même. En 1958, le fusain à mi-effacé de son Phallusselbstportrait ou de son Fattesselbstportrait peut encore sembler convoquer les figures ambigües d’un de Kooning ou d’Arshile Gorky, mais la fin des années 1960 et son départ pour New York singularise son vocabulaire. Ses autoportraits la convertissent en objet, délitent son image en masse organique ou l’identifient à un troisième sexe – voire les trois à la fois – : dans certaines feuilles dont le réalisme pop la rapproche d’Hockney, sa propre image dans un miroir convertit le dessin en une extension de son corps. En parallèle, ses formes les plus mutantes d’autres planches exacerbent la perception visuelle de ses sensations internes. Désormais reconnue – elle représente l’Autriche à la Biennale de Venise en 1980, aux côtés de Valie Export – Maria Lassnig va désormais en explorer les grincements et les hybridations comme autant de possibles graphiques. À Bâle, 80 de ses travaux sont ainsi réunis.

Tom Laurent

Quand


12/05/2018 - 26/08/2018

Les artistes