Chez François Bouillon, artiste contemporain et collectionneur d’art premier, le geste moderne ne peut se séparer d’une empreinte primitive. Il s’accompagne d’une recherche de l’origine qui, par delà les développements historiques, proprement culturels, renvoie à l’humain dans ce qu’il a de plus nu. D’où cette ambition de donner à voir les formes qui traversent les âges sans s’y abimer, dans une grande économie de moyens et non sans humour. Ces formes simples, déclinées en une infinité de variations, sont révélées par une gestuelle que travaillent l’instinct et le hasard, qui tend à s’approprier l’espace. Ainsi, elles passent de la main à la surface de l’œuvre, à l’instar de la série Les yeux brouillés, datée de 2009. Dans le cabinet des dessins Jean Bonna, au sein de l’Ecole des Beaux-arts où il a été professeur de « dessin avancé » jusqu’en 2009, ce sont sept séries d’œuvres liées au dessin qui sont montrées selon la diversité des médiums utilisés par François Bouillon. Comprenons le dessin au sens large, qui joue de différents supports, et qui implique toujours des qualités archétypales. Avec, en toile de fond, une irrémédiable propension à réinjecter cet « esprit sauvage » - qui lui est si cher - au sein des compositions les plus étonnantes.

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