« J’essaie d’éliminer le maquillage, et si possible d’enlever un peu de peau, afin de parler de ce que nous sommes » : c’est en désarmant la séduction que Marc Petit entreprend son œuvre de sculpteur. Dans la filiation des humanités meurtries que modèlent Giacometti ou Germaine Richier après-guerre – partageant avec eux l’anonymat de figures condensant « la douleur de tous les hommes » –, celui qui considère les corps comme « des cartes d’identité plus précises que n’importe quel papier » en traduit la précarité dans des bronzes rugueux, d’où émerge une même face à l’expression interdite. Chorale d’un cri sourd, ses figures n’apparaissent pas moins solitaires lorsqu’elles forment un groupe : ses jumeaux maudits d’Hermanos ou des Deux Frères semblent plus noués par le drame que mus par la fraternité. 2017 voit l’arrivée de sujets ayant trait au monde du cirque, comme Le Clown ou L’Acrobate dont les silhouettes malingres rappellent celles des Saltimbanques du Picasso de la période rose. Avec 75 bronzes récents environ, oscillant entre petits et grands formats ainsi qu’un film retraçant leur création, l’exposition temporaire de la galerie Schwab Beaubourg – dont le soutien aux œuvres de Jean Rustin, Emmanuelle Renard, Roger-Edgar Gillet ou Vladimir Velickovic montre l’intérêt pour un expressionisme à la française – fait suite à l’ouverture d’un espace permanent consacré à Marc Petit à Paris. Cette initiative fait suite à celle du Musée Marc Petit en octobre 2008 à Lazaret Ollandini en Corse, et participe du plébiscite du sculpteur par de nombreux collectionneurs.

William Touitou

Site de l'exposition