François Rouan. Grands formats choisis au musée Fabre à Montpellier & travaux d’aujourd’hui découverts à Laversine
L'exposition
Peut-on évoquer quelques tableaux, à partir du premier, Airial du cognassier ?
F. R. : Celui-ci ne figurait pas dans la rétrospective du musée Fabre. Comme souvent, je l’ai travaillé sur un temps long – ici 15 ans – à partir du tressage de 5 toiles emboîtées l’une dans l’autre. Ce tableau est né de ma lecture du roman étrange et passionnant Les Disparus de Daniel Mendelsohn – derrière les cognassiers, il n’y a plus que de la végétation qui reprend le dessus sur des terrains quelque peu calcaires. Un tableau ancré dans le tragique du XXe siècle : le narrateur part à la recherche de son cher grand-père et de sa famille disparue, mais savant universitaire, il veut maîtriser son objet, et cherche des survivants, ce qui l’emmène aux quatre coins du monde. Et plus il avance, plus il se perd dans ce qui n’a pas de nom : comment la terre chrétienne a-t-elle pu produire une chose pareille ? Puis voici Alhambra, peint sur une préparation de tressage, avec deux toiles nouées ensemble par nattage, sur lesquelles j’ai fait des reprises avec des couleurs impossibles chargées de sable, de poudre de marbre. Le résultat est rugueux.
Je cherche ici à retourner la question du motif, des structures, de la décoration. Avec une telle structure, comment faire du corps ? Question centrale pour tous mes tableaux. Peu importe par quel bout on le prend, car le tressage diffracte, met en pièces – il s’agit de reconstruire le millefeuille de l’épaisseur du plan, comme à Sienne. On déplace les éléments figuratifs en les éclatant de manière à pouvoir reconstruire un corps avec cette matière. D’où ici, la métaphore architecturale.
Ensuite, Ellis Island – l’île par laquelle tous les émigrants entrent à New York, on y « fabrique » les Américains. Ce que démontre le documentaire de Perec Ellis Island.
Extrait de l'entretien de Pascale Lismonde dans le N°80 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2017
F. R. : Celui-ci ne figurait pas dans la rétrospective du musée Fabre. Comme souvent, je l’ai travaillé sur un temps long – ici 15 ans – à partir du tressage de 5 toiles emboîtées l’une dans l’autre. Ce tableau est né de ma lecture du roman étrange et passionnant Les Disparus de Daniel Mendelsohn – derrière les cognassiers, il n’y a plus que de la végétation qui reprend le dessus sur des terrains quelque peu calcaires. Un tableau ancré dans le tragique du XXe siècle : le narrateur part à la recherche de son cher grand-père et de sa famille disparue, mais savant universitaire, il veut maîtriser son objet, et cherche des survivants, ce qui l’emmène aux quatre coins du monde. Et plus il avance, plus il se perd dans ce qui n’a pas de nom : comment la terre chrétienne a-t-elle pu produire une chose pareille ? Puis voici Alhambra, peint sur une préparation de tressage, avec deux toiles nouées ensemble par nattage, sur lesquelles j’ai fait des reprises avec des couleurs impossibles chargées de sable, de poudre de marbre. Le résultat est rugueux.
Je cherche ici à retourner la question du motif, des structures, de la décoration. Avec une telle structure, comment faire du corps ? Question centrale pour tous mes tableaux. Peu importe par quel bout on le prend, car le tressage diffracte, met en pièces – il s’agit de reconstruire le millefeuille de l’épaisseur du plan, comme à Sienne. On déplace les éléments figuratifs en les éclatant de manière à pouvoir reconstruire un corps avec cette matière. D’où ici, la métaphore architecturale.
Ensuite, Ellis Island – l’île par laquelle tous les émigrants entrent à New York, on y « fabrique » les Américains. Ce que démontre le documentaire de Perec Ellis Island.
Extrait de l'entretien de Pascale Lismonde dans le N°80 de la revue Art Absolument.
Parution le 22 novembre 2017
Quand
27/10/2017 - 22/12/2017