Inextricabilia
L'exposition
Ce sont des milliers de kilomètres, et parfois des centaines d’années qui séparent habituellement les œuvres aujourd’hui présentées dans l’exposition Inextricabilia à la Maison Rouge. Les poupées de voyage de Michel Nedjar y dialoguent ainsi avec les amulettes de devin-guérisseurs dakarois et les reliquaires du XVIIe siècle. Pourtant, toutes se révèlent profondément liées et leur aspect formel n’est pas l’unique relation qu’elles entretiennent. Car leurs auteurs, tous différents donc, sont néanmoins habités par des souffrances, une spiritualité commune, un besoin de tisser des liens grâce à une production textile. Ces enchevêtrements inextricables, c’est-à-dire ces objets indémêlables, ont tous pour ambition commune de préserver soigneusement des secrets irrévélables. Mystères de la foi catholique, évènements personnels obscurs, vaudou, les objets présentés posent davantage de questions qu’ils n’apportent de réponses. Ces productions textiles – qui ne sont finalement que de simples fils, qu’ils soient de tissu, de métal ou de plastique – sont riches en symbolique. Plus que nécessaire dans le tissage d’un réseau, le fil peut en effet être également un objet réparateur pour le chirurgien qui suture ou allégorie de l’amitié qui unit deux individus, dans la religion chrétienne. Le noeud, métaphore du pardon, réduisant ainsi la distance entre les deux parties excusées à chaque bout du brin. Le fil permet aussi la réappropriation du pouvoir de création, maternel ou bien messianique – c'est le cas chez Louise Bourgeois ou Michel Nedjar lorsqu'ils confectionnent des poupées. Avec Inextricablia, Lucienne Peiry, commissaire de l’exposition, tisse une exposition à l’image d’une humanité complexe dans ses relations au monde et à la vie, montrant de façon clair et poétique l’étendu de la création au travers d’un corpus d’une cinquantaine d’artistes relevant de l’art contemporain, brut, premier ou sacré.
Camille Bardin
Camille Bardin
Quand
23/06/2017 - 17/09/2017