Saturation des couleurs, ornementation, vitraux, ... : Kehinde Wiley revisite pour sa première exposition personnelle au Petit Palais les codes de la peinture élégante et pleine de pompes du XIXe siècle parisien. Les sujets sont christiques ou mariales mais les modèles sont des métis et des Afro-américains rencontrés au hasard des rues. L’oeuvre du plasticien est ainsi disséminée dans les collections permanentes : six vitraux trouvent leur place au centre du cycle biblique monumental de Gustave Doré ou en écho à la statuaire de Barrias, et quatre toiles revêtent les murs de la section réservée au XIXe siècle, le cœur du lieu. L’artiste se joue des codes du pouvoir, de la religion mais aussi de l’imagerie populaire pour mieux sublimer les invisibles de la société, avec une esthétique du pathos. C’est un Christ animal, charnel, vulnérable qui est dépeint, quand son rapport à la Vierge semble ici retenir l’attention de l’artiste. Dans son intérêt non dissimulé pour le corps, l’artiste s’accorde aussi une réflexion sur la masculinité dévoilée plutôt que chamarrée.
Morgane Etoundi

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