S’il raconte volontiers que la découverte qu’il fit adolescent du Déjeuner sur l’herbe a agi sur lui comme un choc déterminant, c’est parce qu’il a été proprement bouleversé par l’incroyable liberté que s’octroyait le peintre. Forte d’une vision panoramique et synthétique de l’art moderne, la démarche picturale de Marc Desgrandchamps intègre tout aussi bien l’histoire de l’art que la photographie et le cinéma.

Philippe Piquet: Il y a dans vos dernières figures quelque chose d’un hiératisme nouveau, d’une densité nouvelle qui leur confère une présence grave et les charge d’une dimension sacrée…

Marc Desgrandchamps: Quelque chose de cet ordre-là y est en effet à l’œuvre. Parfois, avant de représenter une figure humaine, que j’appelle une figure décisive et qui advient dans les dernières étapes de construction du tableau, je peux avoir un moment de crainte, une forme d’appréhension. Il n’est pas question de tabou ou de quoi que ce soit dans le genre mais d’une inquiétude par rapport au fait de parvenir à édifier sur la toile la figure à laquelle je pense et que je voudrais voir là. Une forme d’incertitude avant de commencer à peindre.



Extrait de l'entretien avec Philippe Piguet dans le N°74 de la revue Art Absolument.

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