Rembrandt intime
L'exposition
Cette sélection judicieuse nous permet d’entrevoir et d’examiner l’ampleur de son talent multi-techniques ; elle ouvre sur une importante série de portraits gravés à l’eau-forte qui fige devant la postérité la physionomie de l’artiste et son entourage, ses parents et Saskia. Tous, images sans fards, à la rugosité âpre d’un burin nerveux, troquent l’idéal controuvé des graveurs de la Maniera nordique, des Goltzius, Wtewael, Bloemaert, contre un réalisme de vérité, aussi acide mais délié de tout souci d’élégance. Et cette beauté de Rembrandt, cette capacité à engendrer le plaisir de l’œil dans les objets les plus vils, le hisse paradoxalement comme le portraitiste de l’âme vivante de ses modèles. Loin de la suavité de ses devanciers fameux, Holbein, Dürer ou Titien, il emprunte assez peu encore à ses contemporains ni même à la source anversoise. L’ambiance colorée et chatoyante de deux tableau précoces, œuvres de ses vingt ans – une Scène historique et l’Ânesse de Balaam –rappelle sans ambiguïté ses années d’apprentissage auprès de Pieter Lastman et pourtant, même dans ces emprunts, la filiation semble guidée par une autre force, signe d’un génie déjà plus consommé ; comparons, pour nous en convaincre, types physiques, végétations et moirures d’une convention toute belle et nette chez le premier, déjà fougueuse et surprenante chez le jeune Rembrandt.
Extrait de l'article de Vincent Quéau
Extrait de l'article de Vincent Quéau
Quand
16/09/2016 - 23/01/2017