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Miroir du désir - Images de femmes dans l'estampe japonaise

Miroir du désir - Images de femmes dans l'estampe japonaise : Suzuki Harunobu (vers 1725-1770) Dans la barque Époque d’Edo © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier   


L'exposition


- L'exposition présente des estampes à caractère sexuel explicite -. L'avertissement affiché à l'entrée donne d'emblée le ton. Jusqu'au 10 octobre, l'exposition Miroir du désir s'affiche au musée Guimet au travers d'une cinquantaine d'estampes de la période Edo (1603-1868). Jalonnant les murs d'une rotonde, ces dernières offrent un parcours et une réflexion sur l'image de la femme par le prisme de l'érotisme, voire de la pornographie. La progression se fait d'abord en douceur avec des paravents peints de la seconde moitié du XVIIe siècle, représentant des scènes de la vie quotidienne du Japon impérial rayonnant. Puis apparaissent des esquisses, d'une sensualité naissante, avec ces estampes de pêcheuses qui plongent à demi-nue à la recherche de crustacés, sous l'excitation mal dissimulée des hommes restés dans leurs barques. Soudain, dans des vitrines, s'exposent des scènes de coït très détaillées qui, par leur sujet trivial, brisent l'élan de volupté jusque là de mise. Cependant le traitement raffiné du dessin et la douceur des couleurs apportent une note de poésie et de maîtrise qui font bel et bien entrer ces productions dans un champ artistique. C'est une figure féminine très sexualisée qui s'offre au regard mais dont la particularité est de rester maîtresse de son plaisir. - Ne me déçois pas, je ne te le pardonnerai pas [...] -, dit l'une d'elle à son partenaire, sans soumission aucune. Respectées par les hommes et parfois même vénérées dans le cas des geisha, les femmes japonaises sont les personnages centraux d'une abondante production qui devient le miroir des mœurs d'une époque où le sexe se ritualise. Près de mille livres illustrés de ces scènes, ces - shunga -, ont traversé les siècles. L'exposition s'achève sur des illustrations à la dimension quasi pédagogique où se dévoile l'organisation très structurée de maisons closes, à l'allure de grands supermarchés du sexe. Les courtisanes y sont classées par compétences, prix, rang social comme en atteste l'ouvrage de Fujimoto Kizan, - Grand miroir de la voie de l'amour. - Objet de fantasme et de convoitise mais traitée avec soin, la femme reste le sujet de prédilection de l'estampe nippone, bien qu'elle ne soit représentée qu'au travers d'une vision déformée par les fantasmes, ceux des peintres, tous des hommes, évidemment.

Pierre-Quentin DERRIEN

Quand


06/07/2016 - 10/10/2016

Les artistes