Un parcours à travers l'œuvre à blanc de René Guiffrey pour redécouvrir le blanc, la simple pensée du blanc, sans plus , tel que Beckett le concevait . Un seul et unique blanc, qui se renouvelle dans chacune de ses réalisations , derrière une plaque de verre, sur un carré de porcelaine, dans le cadre d'un miroir ou simplement à travers le reflet de la lumière environnante, compagnon d'une œuvre édifiée depuis une quarantaine d'années. Plus que la lumière, les œuvres de René Guiffrey réfléchissent la vie, celle qui court dans l'espace et qui s'affiche par les fenêtres cadrant la beauté des paysages, mais aussi celle que projette l’œil du spectateur étonné. À défaut d'utiliser la couleur, il la capte, quitte à l'étaler hors de ses productions comme dans sa Colonne Joyce, haute de 2,50 mètres et composée de miroirs et de plaques de verre, renvoyant au sol les doux rayons du soleil en autant de spectres lumineux. Dans les salles du centre d'art Campredon, l'horloge semble arrêtée et pourtant la répétition dans les œuvres et le mouvement nécessaire pour les percevoir dans leur globalité évoquent ce que l'homme a de plus précieux, son temps. Et, pour ne pas lui faire perdre son temps, justement, l'artiste en appelle à sa perception et introduit une part de jeu. Ainsi, dans la salle des inversions, le gris devient blanc et vice-versa en fonction de la place du spectateur, et le verre d'Opéra blanc-suite (2010) laisse peu à peu transparaître sa logique secrète...

Anouchka Enten
publié dans le Numéro 73 / parution le 20 septembre 2016

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