Il a toujours été question de peinture pour Peter Klasen. À l'origine peintre expressionniste, ce n'est qu'en 1959 qu'il se découvre un intérêt pour l'abstraction, qui mène par la suite aux antipodes : son parcours le fait rejoindre le groupe hétérogène de la figuration narrative. Critique du rapport entre l'homme et la société, il dénonce à travers ses compositions les progrès de la technologie et son pouvoir sur l'être humain. Tout comme les auteurs de ses lectures – Kafka, Dostoïevski et Thomas Mann, entre autres –, ses toiles reflètent ses peurs et l'absurdité humaine. « J'ai développé un langage anticorps qui résiste à l’agression permanente qu'exerce sur moi le monde extérieur », peut-il affirmer. À Saint-Malo, un ensemble de toiles récentes continue sur cette voie. Trafiquant les images et les objets du commerce, Klasen s'attache aux traces de notre humanité pour en montrer les pulsions érotiques ou destructives. Couple in a blue car, réalisée en 2009 ou encore Cible / manomètre (2016) incarnent toute l'évolution de son travail depuis ses débuts : mélange de supports ( photos, peintures ), présence de pictogrammes, de néons et d'outils industriels, le tout sur un fond bleu qui évoque des paysages et la nature vierge.

Extrait de l'article de Anouchka Enten publié dans le Numéro 72 de juillet 2016.

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