Issoire se fait ville d’art pour un temps : dialogue entre les pratiques, mais également entre intérieur et extérieur, avec le centre Nicolas-Pomel d’une part, et les rues de la ville comme théâtre d’une sculpture qui fait sienne les matériaux hors d’usage d’autre part. À l’abri dans le centre, la peinture cosmogonique de Marc Merolli en appelle au trouble de la condition humaine, avec ses lumières voilées émanant à travers une foule d’individus rétractés sur eux-mêmes. Ce sont les matériaux de seconde main que Florent Poujade replie, assemble ou découpe : aux gestes de « compression » de César ou de torsion de Chamberlain, il répond en s’attaquant aux carrosseries de voiture en les rabattant dans des compositions planes ou en en dégageant une dentelle. Cette volonté de donner une seconde vie à ce qui est consommé, David Vernède et Georges Ollier l’entretiennent également dans l’espace public en compilant des fragments de métaux pour les fusionner dans des figures hybrides, mécaniques, anthropomorphiques et animales. Nicolas Lavarenne, lui, fait lever et tourner les têtes. Ses œuvres, sur tripode ou perche, ces corps à la gestuelle rebelle, prennent leur envol ou méditent sur l’horizon : elles sont « aériennes, comme envolées », défient la pesanteur.

Article de Charlène Rioux dans le Numéro 72 parution Juillet 2016

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