Malgré des travaux à première vue antagonistes, Christophe Mélard réunit Jean Messagier et Claude Viallat dans une exposition intime et révélatrice de leur parcours. Tous deux se libèrent des contraintes stylistiques pour interroger la valeur de leurs pratiques picturales et de la couleurs comme élément fondateur du tableau. Véritables abstractions lyriques, les œuvres de Jean Messagier surreprésentent le réel jusqu'à l'épuiser et le perdre dans les sinuosités de son trait. Cherchant sans cesse à remplir l'espace « d'enroulements vertigineux », il fait se rencontrer figuration et abstraction dans un tourbillon gestuel et chromatique, comme c'est le cas de l'oeuvre Nächtliche Schlittenfarht de Louis II de Bavière. À l'inverse de cet épanchement poétique, Claude Viallat tend vers un art minimaliste et distancié. L'espace, scandé par un motif récurant, donne l'illusion de n'être que l'extrait d'une séquence infinie. L'unité de la toile et du sujet est alors niée au profit du rapport entre support et trace. Ainsi, bien que son travail requière une forme de rigueur, le geste est aussi libre que celui de Jean Messagier, donnant aux œuvres un aspect vibratile et évanescent.

Article de Marie-Astrid Vandesande

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