Julien Gracq écrivait que « si l'œuvre est réussie, le texte effacé est toujours un texte magique » et l’entreprise de Stéphane Guénier depuis une quinzaine d’années tend au rassemblement discret d’une pratique aux orientations multiples. De l’effacement, l’artiste passé par un expressionnisme graphique – sans doute lié à ses années de formation dans l’atelier de Vladimir Velickovic, ou inversement – a conservé les gestes, gommages et biffures : l’on retrouve ci ou là dans ses papiers récents, aux formats tous identiques, des ébauches de figures et autres signes latents, oscillant entre remontée à la surface et évanouissement dans la fine épaisseur du support. Plus récemment, de grands jeux d’aplats ¬– en gestation dans des œuvres réalisées antérieurement – lui fournissaient la matière d’une couleur gestuelle, quasi paysagère. Découpés en fragments, travaillés par morceaux et repris une fois assemblés, ses dessins concilient le palimpseste et l’étendue. Dans le même espace, l’exposition de dessins plus anciens, extraits des « 100 dessins » de 2011 et oeuvrant à découdre en conservant sa pratique, en force la cohérence.

Tom Laurent

Site de l'exposition