Dans une confrontation subtile des médiums, le Fresnoy – qui accompagne au fil des années de jeunes artistes dans leur propre production– consacre cette exposition à la trame, tout à la fois procédé millénaire et motif patent du modernisme, revisité par 11 artistes qui bâtissent ensemble un dialogue intergénérationnel. La structure du lieu devient alors forme pour être investi par des artistes comme Pablo Valbuena, qui use de projections lumineuses afin de créer l’illusion de la surface ou Sol Lewitt dont l’enchevêtrement de courbes ou l’inversion, des lignes dénaturent l’espace. Le minimalisme géométrique de François Morellet et de Dan Flavin, avec leurs néons, noue l'espace physique avec celui de la lumière. Pour la première fois en France, Sidival Fila, moine franciscain brésilien, présente également son travail : ses volumes sont constituée de toile raffinée, cousue et peinte. Prisonnières des entrelacs colorés de François Rouan ou de Sheila Hicks, les textures se stimulent et se répondent : toile, lin, coton, poudre de marbre ou peinture dessinent une fois de plus des motifs propre au tissage. Nouvelle époque, nouveaux rivages : le vocabulaire numérique s’imprègne des traditions, la toile et le réseau se font virtuels et sont soumis aux lois algorithmiques. Par la planification graphique de la forme et du modelé maniée avec virtuosité par Ryoichi Kurokawa, les nombreux filaments, qui se meuvent à l’écran, se mêlent au son, les tressant entre eux.

Charlène Rioux.

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