Autour d’une quarantaine de pièces réalisées par El Greco, cette exposition bruxelloise parcourt l’œuvre prodigieuse de ce peintre d’icônes d’origine crétoise qui passa par Venise et sut tirer parti de la leçon de Tintoret et du Titien dans son dernier âge, avant de s’établir à Tolède, en Espagne, ainsi que le moment de sa redécouverte. Car, à partir de la mort de ce peintre hors norme, et ce, jusqu’aux alentours de 1900, la production de Domenikos Theotokopoulos, dit El Greco (1541-1614) sera ignorée en raison de son anti-naturalisme maniériste, passé de mode lors de l’essor du caravagisme et du réalisme qui s’ensuivit en Europe. L’étirement expressif des figures, la lumière surnaturelle, l’irréel qui émanent de ses toiles créent l’intensité d’un art qui puise dans le style anticlassique ses distorsions charnelles et son sens mystique de l’élévation. Peintre de l’âme certes, mais fondé sur un corps ardent, El Greco fait figure de météore et les tons acides que l’on retrouve jusqu’à sa dernière série El Apostolado (les Apôtres), montrée dans cette exposition, sont l’écho de sa manière, puissamment moderne entre toutes.

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