Daniel Buren est habitué aux confrontations. Il signe une nouvelle exposition in situ au Musée de Picardie et renoue avec le caractère subversif de son travail des années 60. Des toiles composées de bandes alternées de blanc et de couleurs cohabitent subtilement avec les oeuvres historiques accrochées dans le Grand Salon au décor Second Empire. Disposées sur des flèches, outils permettant de déplacer les grands tableaux, ses peintures sont installées au coeur de l’espace, et, autonomes les unes par rapport aux autres, semblent être placées au hasard. Les flèches sont ici détournées et deviennent un nouveau support muséal, venant découper et déstructurer le lieu et imposant au spectateur une déambulation saccadée dans l’espace. Mais l’artiste entend bien laisser planer le doute : les toiles sont-elles en attente de leur propre accrochage? Si l’exposition est bien « en place », les oeuvres elles, semblent ne pas être à leur emplacement définitif. Quand il y aura de la place, sous-titre de l’exposition, vient renforcer le caractère inachevé que l’on associerait volontiers à la scénographie. C’est par cette ambiguité que Buren interroge la muséographie des institutions dans leur spécificité et leur complexité dans un dialogue avec la création contemporaine in situ, apportant au lieu un nouveau souffle, et qui, par lui et grâce à lui, prend tout son sens.

Marine Robin

Site de l'exposition