Né en 1922, Pierre Lesieur appartient à cette génération d’artistes dont le souvenir a été englouti par la prolifération du Pop Art dans les années soixante. Faisant fi de cette avalanche de l’art américain sur le marché, il continuera jusqu’en 2011 de développer un style singulier et personnel, à la lisière entre abstraction et figuration. Les couleurs chatoyantes, véritables nuanciers de teintes, les arabesques graphiques de la végétation, le cadrage décalé, l’ouverture sur l’extérieur, sont autant de caractéristiques qui apparaissent dans Porte ouverte sur le jardin, et que l’on retrouve partout dans l’œuvre de l’artiste. Inspiré des travaux de ses contemporains – il sera comparé à Bonnard ou Vallotton – l’artiste présente également un fort lien avec Matisse, dans sa mise en scène et dans la personnification des objets, qui tiennent une place toute particulière dans ces intérieurs inhabités où ils remplacent l’humain. Allant parfois jusqu’à la pratique dissolution du sujet, aux portes de l’abstraction, ses toiles révèlent un caractère décoratif indéniable et un aspect japonisant, né de ses voyages en Orient, qui s’ajoutent à la subtilité poétique du monde qu’il nous décrit. Pour cette première rétrospective, le musée de l’Abbaye met en parallèle ses propres collections, issues des dons des artistes peintres Genis et Bardone, avec des œuvres de collectionneurs privés, réquisitionnées pour l’exposition.

Agathe Torres

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