« Au début, lorsque Danilo Eccher m’a incité à venir exposer ici, au Palazzo Falier, sur le Grand Canal, je n’étais d’ailleurs pas très convaincu. Je ne suis pas vraiment fou de la Bien-nale et de son syndrome de la vidéo, où tout est visuellement impressionnant pendant deux ou trois minutes et cela suffit, tout le monde est content. Ne produire que du plaisir, pour moi, ce n’est pas de l’art ! Et puis j’ai songé à ces constantes que sont chez moi l’eau, le bleu et Turner — dont le père était barbier, comme le mien, et qui a quitté son quartier pouilleux du nord de Londres où, comme moi, il vivait, pour venir chercher la lumière ici. En réalisant ces peintures, j’ai eu d’abord en tête quelques souvenirs de Venise, comme la marée mon-tante, et comment le ressac vient frapper les façades de briques délabrées. De mon atelier dans la forêt au sud de Munich, je pars souvent directement pour Venise en voiture, il n’y a que 5 à 6 h de route. Ce sont peut-être aussi mes impressions de voyages que j’ai ramenées dans l’atelier… »

Extrait de l'entretien entre Sean Scully et Emmanuel Daydé, Art absolument, n°66, juillet 2015.

Site de l'exposition