Chez Cézanne, la lumière est libérée avec violence dans une intensité inconnue auparavant. Agençant les objets de la vie courante avec la plus haute rigueur, Cézanne redéfinit la structure de la peinture occidentale. Le musée Thyssen-Bornemisza regroupe 49 huiles et neuf aquarelles autour des notions d’intérieur et d’extérieur dans le travail du maître. « Je deviens comme peintre plus lucide face à la nature, mais chez moi la réalisation de mes sentiments est toujours très pénible » écrira-t-il. Pour lui, la sensation est dans le corps, produite par le monde qui l’entoure. C’est en cela qu’il évoquera la « sensation colorante », à la recherche perpétuelle d’une adéquation entre l’intensité de la sensation et les techniques dont il dispose. Ses nus féminins dans les Baigneuses prennent corps, entre réalité et fantasme. Leurs particularités physiques ont disparues, laissant place à des formes idéales où les corps sont en harmonie avec leur environnement, la nudité dans la nature est une obsession du peintre avec laquelle il entretient un rapport de fascination. Pour Matisse, « il peint toujours le même paysage et chaque fois son émotion est nouvelle. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’il la conserve intacte jusqu’à la dernière séance ». La peinture lui permet d’agencer le fond et la forme créant ainsi un nouvel espace, peignant « ce qu’il sait et non ce qu’il voit », dira-t-il.

Alexandra Edip

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