Pour la première fois en France, les œuvres d’Haegue Yang font l’objet d’une exposition institutionnelle, au musée de la ville de Strasbourg ainsi qu’à l’Aubette. Près de la moitié des œuvres ont été créées pour l’occasion, en écho à l’histoire de l’Aubette - ancien complexe de loisirs décoré en 1928 par Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp et Theo Van Doesburg - et aux collections du musée d’art moderne et contemporain dans lesquelles Dada et les abstractions historiques sont particulièrement présents. Le travail de cette artiste coréenne, vivant et travaillant entre Séoul et Berlin, y prend tout son sens puisqu’il est nourri de références aux avant-gardes européennes. Elle s’attarde notamment sur des figures féminines artistiques et littéraires telles que Marguerite Duras, Sophie Taeuber-Arp ou encore Emma Kunz. La réappropriation de ces grandes figures du modernisme, qui demeure abstraite sur le plan formel, réactualise l’utopie avant-gardiste et nous interroge, notamment à travers l’utilisation d’origamis, sur la déclinaison de la forme. Celle-ci, ainsi déclinable à l’infini, faisant écho à la production actuelle d’objets en série, perd-elle son sens et sa vocation initiale ? Haegue Yang présente une œuvre protéiforme et singulière, dans laquelle on décèle la présence diffuse et plus intime de la culture asiatique.

Charlotte BARBIER

Site de l'exposition