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Charles Fréger – Wilder Mann

Charles Fréger – Wilder Mann : Charles Fréger, Babugeri, Bulgarie, 101 x 77 cm. Série Wilder Mann, 2010-2011   


L'exposition


Dans quelques villages grecs ou sur les flancs des Pyrénées, en Sardaigne ou en Finlande, le temps d’une mascarade, des hommes et des femmes, des enfants, troquent leur identité humaine pour s’ensauvager. Hommes de paille ou costumes d'ours, chèvres ou diables aux cornes malignes, la sophistication des costumes dont ils se parent n’a égale que la modestie de leur diffusion à travers du territoire européen. Autant les carnavals disposent d’une intercession importante au sein du grand public, autant les pratiques de ces « hommes sauvages » n’ont, simultanément, que peu de résonance médiatique et restent peu courantes. Mais le fait est que ces coutumes – en progression selon Charles Fréger, qui les a traquées et photographiées à travers toute l’Europe, voire au-delà – présentent de nombreux points communs là où les divers groupes qui en ont l’usage ne sont aucunement en relation. Existe-t-il une pente cachée à l’ensauvagement collectif et ritualisé, qui dépasserait les frontières, quelles qu’elles soient ? Le propos de Charles Fréger n’est en tout cas pas dans la démonstration d’une quelconque vérité ethnographique. La beauté des costumes, où la bestialité n’est que l’oripeau de sa domestication, trouve dans son œil le moyen le plus approprié de sublimer ces silhouettes fascinantes. Travail sur le regard que l’on pose sur la bête qui s’expose, ce n’est pas le temps de la mascarade qui fait l’instant photographique, mais la description accusée des bois de cerfs, des nœuds colorés flottants en haut des gerbes de paille, des cloches ou des gueules béantes. D’une photographie à l’autre, se dessine malgré tout des points de rattachement iconographique qui lient des personnes n’ayant jamais auparavant eu connaissance les unes des autres, sous le masque de la même bestialité.

Tom Laurent

Quand


26/02/2013 - 26/05/2013

Les artistes