Pluriel. Regards sur l’art contemporain israélien
L'exposition
Tom Laurent : L’exposition Pluriel. Regards sur l’art contemporain israélien s’est-elle fondée sur un plan en coupe de la scène israélienne telle qu’elle se crée aujourd’hui, ou aviez-vous décidé, avant même la sélection des artistes, d’une thématique globale guidant votre choix curatorial ?
Nathalie Zaquin-Boulakia : Au départ, il y une idée de plan en coupe, car l’on avait envie de saisir une diversité mais le choix n’est jamais neutre. Nous nous sommes aperçus que nous étions attirées par des œuvres d’artistes israéliens ou palestiniens vivant en Israël dont le travail tournait autour de la question de l’identité, prise dans un sens large.
Nathalie Mamane-Cohen : Notre choix a été avant tout dicté par l’exigence artistique, dans le sens que le contour politique, social ou économique de la création est conclusif à l’exposition. Le but est que le regardeur en ressorte ses propres conclusions. D’où une diversité très apparente dans l’exposition : de grands thèmes, qui sont inévitables lorsque l’on parle de la création en Israël, se croisent à travers les œuvres de la quinzaine d’artistes présents, dans des médiums tels que la sculpture, la peinture, la vidéo ou les installations.
T.L. : Quels sont ces thématiques dont sont empreintes les œuvres ?
N.Z.-B. : Les thèmes abordés ont souvent partie liée. Ainsi, l’intime, thématique essentielle, peut se rapporter dans certaines œuvres à la notion de territorialité, prise comme faisceau regroupant l’histoire, l’immigration et le territoire, qui est partie prenante du travail des arabes israéliens comme des juifs. Gal Weinstein peint par exemple des autoportraits, dont la matière est oxydée, avec des dissemblances infimes, qui témoignent avec subtilité de la différence.
N.M.-C. : La question du genre est également importante, avec des artistes féminines comme Nelly Agassi, qui réalise des sculptures monumentales en tissu, dont la dimension intime est à signaler. Ces thèmes en général dépassent les frontières, car, bien que partant d’une approche locale, les travaux montrés tendent à l’universel. De nombreux artistes israéliens qui vivent également dans d’autres pays ont besoin de cet ancrage local : le creuset de leur inspiration se trouve là, en Israël. Après, leur expression se teinte de ce qu’ils sont et reste singulière. Pour donner un exemple, Sigalit Landau, qui jouit d’une carrière internationale mais qui vit plus de la moitié de son temps en Israël, a réalisé une vidéo, appartenant aujourd’hui au Centre Pompidou, où elle fait du Hoola Hoop avec un cerceau en fil de fer barbelé qui l’auto-flagelle sur la plage de Tel-Aviv. Le sel est également l’un de ses matériaux de prédilection pour ses sculptures : il fait référence à la Mer morte, à la culture biblique, à un ancrage dans la région.
Entretien avec Nathalie Mamane-Cohen et Nathalie Zaquin-Boulakia, commissaires de l’exposition Pluriel, par Tom Laurent, publié dans la revue Art Absolument n°48 (juillet/août) parue le 29 juin 2012
Nathalie Zaquin-Boulakia : Au départ, il y une idée de plan en coupe, car l’on avait envie de saisir une diversité mais le choix n’est jamais neutre. Nous nous sommes aperçus que nous étions attirées par des œuvres d’artistes israéliens ou palestiniens vivant en Israël dont le travail tournait autour de la question de l’identité, prise dans un sens large.
Nathalie Mamane-Cohen : Notre choix a été avant tout dicté par l’exigence artistique, dans le sens que le contour politique, social ou économique de la création est conclusif à l’exposition. Le but est que le regardeur en ressorte ses propres conclusions. D’où une diversité très apparente dans l’exposition : de grands thèmes, qui sont inévitables lorsque l’on parle de la création en Israël, se croisent à travers les œuvres de la quinzaine d’artistes présents, dans des médiums tels que la sculpture, la peinture, la vidéo ou les installations.
T.L. : Quels sont ces thématiques dont sont empreintes les œuvres ?
N.Z.-B. : Les thèmes abordés ont souvent partie liée. Ainsi, l’intime, thématique essentielle, peut se rapporter dans certaines œuvres à la notion de territorialité, prise comme faisceau regroupant l’histoire, l’immigration et le territoire, qui est partie prenante du travail des arabes israéliens comme des juifs. Gal Weinstein peint par exemple des autoportraits, dont la matière est oxydée, avec des dissemblances infimes, qui témoignent avec subtilité de la différence.
N.M.-C. : La question du genre est également importante, avec des artistes féminines comme Nelly Agassi, qui réalise des sculptures monumentales en tissu, dont la dimension intime est à signaler. Ces thèmes en général dépassent les frontières, car, bien que partant d’une approche locale, les travaux montrés tendent à l’universel. De nombreux artistes israéliens qui vivent également dans d’autres pays ont besoin de cet ancrage local : le creuset de leur inspiration se trouve là, en Israël. Après, leur expression se teinte de ce qu’ils sont et reste singulière. Pour donner un exemple, Sigalit Landau, qui jouit d’une carrière internationale mais qui vit plus de la moitié de son temps en Israël, a réalisé une vidéo, appartenant aujourd’hui au Centre Pompidou, où elle fait du Hoola Hoop avec un cerceau en fil de fer barbelé qui l’auto-flagelle sur la plage de Tel-Aviv. Le sel est également l’un de ses matériaux de prédilection pour ses sculptures : il fait référence à la Mer morte, à la culture biblique, à un ancrage dans la région.
Entretien avec Nathalie Mamane-Cohen et Nathalie Zaquin-Boulakia, commissaires de l’exposition Pluriel, par Tom Laurent, publié dans la revue Art Absolument n°48 (juillet/août) parue le 29 juin 2012
Quand
26/10/2012 - 22/11/2012